Une plongée
du Remorra 2000
-24 mètres, eau 13 degrés Celsius. Tout là-haut, le reflet de la surface scintille encore. Nous plongeons le long d’une falaise, au large de Marseille. Pour prendre ses photos sous-marines, Robert Margaillan s’approche de nous à petits coups de palmes. L’éclat blanc de son flash troue un instant la pénombre qui nous entoure. «A combien sommes-nous de la paroi?» — «Environ 2 mètres.» — «C’est étonnant, j’ai l’impression que les rochers sont à
50 centimètres.» Non,
vous ne vous êtes pas trompés, vous avez
bien entendu. J’ai parlé sous l’eau.
Il est temps que je vous dise, je ne porte ni combinaison,
ni bouteille de plongée, ni palmes, ni masque.
Je suis assis dans un fauteuil, et je respire tout
à fait normalement. J’ai l’impression
de vivre une scène de «20 000 lieues sous les mers».
Je suis à bord du sous-marin de poche Remorra 2000,
la dernière et géniale invention des ingénieurs
de la Comex. Aux commandes: Henri Delauze, le PDG
de la société. Le sous-marin biplace est
une sphère en plexiglas de 1,69 mètre de diamètre.
De cet appareil, nous admirons le monde du silence.
Robert nous fait signe qu’il remonte. Pour lui,
la plongée est terminée. Pour nous, un voyage
fantastique commence. L’oxygène de la cabine
est sous le contrôle permanent. Nous disposons
d’une réserve d’air de 72 heures.
-24 mètres, eau 13 degrés Celsius. Tout là-haut, le reflet de la surface scintille encore. Nous plongeons le long d’une falaise, au large de Marseille. Pour prendre ses photos sous-marines, Robert Margaillan s’approche de nous à petits coups de palmes. L’éclat blanc de son flash troue un instant la pénombre qui nous entoure. «A combien sommes-nous de la paroi?» — «Environ 2 mètres.» — «C’est étonnant, j’ai l’impression que les rochers sont à
— 44
mètres. Il fait plus sombre. Henri Delauze allume
l’éclairage du «compas» (boussole). La lumière
semble venir de là-haut et la surface ressemble
à une gigantesque feuille de papier calque. Nous
descendons lentement: à la vitesse d’un
mètre toutes les trois secondes.
— 52
mètres. Nous admirons d’énormes blocs
rocheux entassés au pied de la falaise. Le Remorra
avance maintenant tout seul. Soudain, les projecteurs
éclairent une longue bosse dans le sable. Exactement,
comme s’il pilotait un hélicoptère,
Henri Delauze survole l’objet: «Une amphore romaine
intacte! A la forme de ses anses, je pense qu’elle
doit dater du premier siècle.» Les
amphores étaient utilisées par les Romains
et les Grecs pour transporter les marchandises. Dans
la pénombre bleu sombre nous poursuivons nos
recherches. Une sorte de neige défile dans les
rayons des projecteurs: du plancton. Plusieurs morceaux
d’amphores jonchent le fond.
— 78
mètres. Là! Une seconde amphore
intacte, entourée d’une multitude de coquilles
vides. «Elle est habitée par un poulpe, qui après
avoir mangé des coquillages, s’est débarrassé
des coquilles», m’explique Henri Delauze. Nous
arrachons les yeux pour percer l’obscurité.
C’est alors que nous devinons une masse confuse
à 15 mètres sur notre gauche.
Mon cœur bat... Mais ce n’est que la carcasse
d’une voiture américaine! Comment a-t-elle
échoué ici, par 83 mètres de fond?
Mystère. En tout cas, je suis tellement étonné
que j’oublie de la photographier.
— 86
mètres. Cela fait deux heures que
nous naviguons sous l’eau. Hélas, il faut
remonter, car demain le Remorra part en mission en
Corse. Nous décollons.
— 85,
83, 80 mètres, indique le sondeur. Pour les plongeurs
professionnels qui travaillent à telles profondeurs,
il faudrait maintenant effectuer une remontée
qui durerait quinze heures! Nous n’avons
pas ce problème. Il nous faut cinq minutes
pour gagner la surface. Au-dessus de nos têtes
une vague lumière bleue luit et nous indique
la surface. C’est beau. C’est magique.
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